Bonjour et bienvenue,
Avant de débuter l’allocation je tenais à m’excuser de ne pas être présente aujourd’hui mais une mission au Sénégal dans le cadre de mon travail me retient là-bas jusqu’à mi-mai, Guillaume Gontard sénateur de l’Isère et conseiller municipal du Percy a bien voulu se charger de la lecture du discours que je remercie vivement .
Je tiens d'abord à vous remercier pour votre présence
Merci à Madame Marie Noëlle Battistel députée, M.Guillaume Gontard Sénateur, ……..
Mr Le Président du Parc naturel régional du Vercors, que j’en profite pour remercier particulièrement d’avoir inscrit dans le livret « Les chemins de la liberté » l’ermitage Esparron comme hauts lieux de mémoire de la résistance dans le Vercors qui ravivent les valeurs de citoyenneté, d’engagement et de solidarité.( un livret est à votre disposition dans la salle).
Mesdames et messieurs les maires, Messieurs les représentants des associations patriotiques,
J’excuse Mme Frédérique Puissat sénatrice de l’Isère, M.Jérôme Fauconnier président de la Communauté de communes du Trièves, M.Le Maire de Carpentras, ainsi que la famille de Marius Desserre dont André Deserre est très malade et à qui je dédie ce discours.
Mesdames et messieurs, chers ami.es,
Voilà 34 ans à l’initiative de la commune, nous nous retrouvons dans ce lieu si symboliquement fort en pleine forêt qui servit de camp aux maquisards avant d’être le lieu de sévères affrontements pour ne pas oublier le courage et le sacrifice de ces hommes et ces femmes et ces enfants qui ont résisté et donné leur vie afin que nous puissions vivre libre aujourd’hui et demain.
Car aux heures les plus sombres de notre histoire, quand tout semblait perdu, que les dirigeants de l’époque avaient choisi la capitulation, des femmes et des hommes se sont soulevés pour continuer le combat aux côtés des alliés, la Grande-Bretagne et l’Amérique, dont nous n’oublierons jamais le sacrifice. Nous pensons aux résistants, aux maquisards, à ceux qui cachaient des enfants juifs parmi leurs propres enfants.
Toutes et tous ont risqué ou donné leur vie au nom de l'idée qu'ils se faisaient de la France.
Je n’oublie pas non plus ces soldats des troupes coloniales qu’on appelle les tirailleurs sénégalais venus d'Afrique, du Maghreb ou d'Indochine qui se sont battus sous le drapeau français pour défendre les valeurs universelles de la France ainsi qu’à Mélinée et Missak Manouchian, car cette commémoration c’est se souvenir aussi que nous devons aussi notre liberté à l’engagement des étrangers d’une France qui ne les a pas toujours bien accueillis et qui continue à ne pas bien les accueillir.
Voici un court texte qui nous rappelles les faits qui se sont déroulés ici à Esparron :
« À l'automne 1940, l'ermitage d'Esparron était occupé par 200 garçons des Chantiers de la Jeunesse qui se consacraient à l'exploitation forestière et à l'éducation physique. Avant même la dissolution des Chantiers de la Jeunesse en juin 1944, Esparron était déjà un refuge de la Résistance. Le 3 février 1944, à l'aube, les sept cents Allemands, armés de deux automitrailleuses et de mortiers, attaquent et sonnent la fin du camp C11 de l'AS-Vercors. Les Français assiégés (30 jeunes gens dont 10 armés menés par le chef Grange) se replient après avoir perdu l'un des leurs, Charles Yves Bassinet- Dufour, les ayant couvert. Le dispositif d'alerte n'ayant pas fonctionné, les maquisards ont été surpris. Maîtres du terrain, les soldats allemands incendient les bâtiments tandis que Grange conduit ses hommes en direction du mont Aiguille. Marius Desserre est tué, Michel Fissore est déporté en novembre 1944 »
Ce 8 mai 1945 nous ne célébrons pas seulement la victoire de la capitulation de l’Allemagne nazie mais avant tout une victoire morale, une victoire du bien contre le mal, de ce qu’il y a de plus grand dans l’homme contre ce qu’il peut y avoir de pire en lui.
Si un message doit nous rester en tête sur ce 8 mai 1945 c’est celui-ci : ne jamais rien lâcher sur ce qui fait notre humanité, ne jamais transiger sur les valeurs républicaines et européennes les plus fondamentales qui sont les nôtres : droit de l’homme, démocratie, compréhension mutuelle entre les peuples et préservation de la diversité culturelle.
Car Aimer son pays ne signifie pas haïr les autres.
Comme beaucoup d’entre nous, je fais partie de ces générations qui ont eu la chance de ne pas connaître la guerre sur nos territoires.
Comment, en ce jour de commémoration de ne pas évoquer les guerres, israëlo-plastinien, russo-ukrainien, dont le terreau est cultivé depuis de nombreuses années par des intérêts politiques, mais aussi par des stratégies géopolitiques mégalomanes.
Et les conflits armés de grande ampleur qui se déroulent actuellement au Burkina Faso, Somalie, Soudan, Yémen, Birmanie, Nigeria, Syrie, Arménie, Azerbadjan, Pakistan, Iran et j’en oublie.
Ou des milliers de personnes, de familles , d’enfants n'hésitent pas à mettre leurs vies en danger en traversant nos frontières /les frontières pour un meilleur avenir ,
Nous ne pouvons rester indifférents devant l’horreur que subit ces populations. Luttons par toutes formes de soutien, par l’expression de notre solidarité. Aussi humble soit-elle.
Notre Europe en juin prochain a une nouvelle fois rendez-vous avec son histoire et doit se méfier de ceux qui prétendent, seuls, avoir l’unique solution pour résoudre le chômage, la précarité sociale, la violence, la sécurité.
Une Europe ces dernières années qui se fragilise avec une montée croissante du nationalisme, de l’antisémitisme, de la haine de l’étranger et du repli sur soi.
Souvenons-nous du silence coupable des nations devant la montée au pouvoir d’Hitler.
En 1931et 1932, le chômage et la précarité ravagent l’Allemagne, la démocratie est en crise. Hitler va chercher et désigner les coupables, il stigmatise les communistes, les Juifs, les tziganes, les malades mentaux qu’il accuse d’être responsables de la défaite et de la crise.
Cela ne doit pas nous échapper: le début du cauchemar prend ses racines dans la démagogie politique. Hitler prétendait détenir la solution à tous les problèmes.
Aujourd’hui encore, il faut donc avoir la plus grande méfiance envers tous/toutes les dirigeant.es qui proposeraient une seule solution, qui résoudrait tous les problèmes...
Nous sommes là aujourd’hui pour commémorer et pour admettre que la catastrophe n’est pas à venir, mais que la véritable catastrophe, c’est que les choses continuent à aller ainsi. Que l’on soit élu ou citoyen, il faut alors beaucoup de courage pour agir et ne pas laisser faire.
«Le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent», disait encore Lucie Aubrac.
Comme évoqué plus haut, pensons à ces millions de femmes, hommes et enfants fuyant la guerre et la ruine à travers l’Europe, errant sur les routes, souvenons-nous de leur détresse... et interrogeons notre société sur les lois qu’elle instaure sur l’immigration aujourd’hui. Faisons appel en nous-même la voix de tous ceux qui ont accueilli et caché aux nazis, un ami, un inconnu, un frère d’arme, une famille en détresse, et interrogeons notre société sur la réalité de nos solidarités.
Faisons appel en nous-même la mémoire de l’horreur, la voix des millions de morts, des millions de blessés... Que le courage de leur engagement nous guide, pour le bien commun.
« Vous ne devez jamais avoir peur de ce que vous faîtes quand vous faîtes ce qui est juste » disait Rosa Parks.
Je vous invite ainsi que vos familles, vos ami.es à aller voir l'exposition au Musée du Trièves à Mens « 39/45 en Trièves vivre, espérer, s’opposer » jusqu’en novembre qui présente la vie quotidienne, les chantiers de jeunesse, la résistance, les maquis et le lien avec le Vercors, les personnes cachées, les évènements militaires jusqu’à la libération. Au-delà des faits qui se sont déroulés dans le Trièves, l’exposition s’interroge aussi sur les commémorations et la transmission de cette histoire .
Enfin nous sommes là pour ne pas oublier l’idée de paix et transmettre la mémoire de ces sombres évènements passés et présent à une jeunesse pour échapper à la menace d’un régime autoritaire et montrer que le mieux vivre et bien vivre ensemble sont les seuls contre poison à la haine, à l’antiracisme, l’antisémitisme, à l’antitsiganisme et à la xénophobie qui font des ravages sur tous les continents.
Le respect / la solidarité non ni de frontières , ni de nationalités, tel est notre définition de la devise de la république française :
LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE.
Sabine Campredon -
Maire du Percy Pour le Conseil Municipal